Ce bâtiment a vraisemblablement été construit au 18è siècle à l’époque du Sieur Ponce Coche, 1er valet de chambre de Philippe II d’Orléans, pour agrémenter l’entourage du Château de Maison Blanche, sa propriété depuis 1710.
La première utilisation était pour que les jardiniers puissent mettre les plantes fragiles à l’abri des premiers frimas, ainsi que certains légumes. L’éclairage venait de cinq baies vitrées cintrées de grande hauteur aujourd’hui murées. Cette façade en briques pleines est toujours agrémentée de deux niches en plein cintre qui contenaient très certainement des statues ou des vases en pierre.
On imagine que des orangers, des citronniers et autres bougainvilliers plantés dans d’énormes bacs en bois qui entouraient le château l’été prenaient leurs quartiers d’hiver à l’Orangerie. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette bâtisse possède un endroit bien protégé, une immense cave voûtée en pierres tout le long de la construction. On peut penser que les prunes de Gagny, les pommes, les poires étaient également entreposées sur des clayettes de bois à l’intérieur pour que le Châtelain et sa famille en profitent pendant toute la mauvaise saison.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’envahissement des Allemands sur Paris, les bombardements se multipliaient. Une délibération du Conseil Municipal de 1940 avait décidé
d’offrir des repas dans l’Orangerie pour aider la population.
Les habitants du quartier de Maison Blanche, n’ayant pas toujours des caves suffisamment solides pour les protéger des raids aériens, venaient se mettre à l’abri de cette immense cave souterraine fortifiée. Lors du terrible bombardement de la gare de marchandises de Vaires sur Marne, le 29 mai 1944, les habitants se sont protégés dans l’immense cave voûtée du Château.
Des anciens du quartier se trouvant dans cette cave de l’Orangerie ont vu entrer en état de détresse des résistants cherchant à se protéger. Ils préparaient une action au pont des trois communes à Gagny. Ayant été dénoncés, ils étaient poursuivis et cherchaient une cachette sûre. Ils ont été accueillis par les gens présents car ils savaient bien, que c’était pour lutter contre l’ennemi et que ces jeunes mettaient leur vie en danger. Une issue de secours existait à l’arrière de l’Orangerie donnant sur une volière et le boulevard de l’Espérance. Un souterrain dit-on reliait l’Orangerie au château.
Le château avait été réquisitionné pour servir d’hôpital de secours. A cet effet, la Croix-Rouge l’avait signalé en positionnant un drapeau sur le perron du 1er étage.
Texte rédigé avec l’aide des souvenirs des anciens de Maison Blanche.
Micheline Pasquet
Société d’Histoire de Gagny