C’est une famille d’origine italienne qui a, pendant plus de cinquante ans, géré l’établissement. L’animation autour de ce lieu prisé battait son plein dans le quartier de Maison Blanche. Toute une époque !
Le domaine du château de Maison Blanche est acquis le 6 mai 1884 par un banquier parisien. Lors de son décès, survenu en mai 1919, son épouse se trouve dans l’obligation de céder tout le domaine, comprenant les 53 hectares, à la Société Mutuelle d’Épargne de la Grande Cité-Jardins du Château de Maison Blanche.
Par voie de presse dans le journal local, « Le Cri-Cri de Maison Blanche », le 30 juillet 1923, la vente est lancée. De nombreux acquéreurs y construisent de petites maisonnettes, appelées « chalets », leur permettant d’avoir un morceau de jardin pour cultiver des légumes et passer des vacances au bon air. Certains louent les chalets. C’est ainsi qu’une famille Italienne, restauratrice de profession, logeant à Paris 4e, avec leurs trois enfants, vient s’installer, dans un premier temps, non loin du lac de Maison Blanche, au 52 avenue Fénelon. Andrea NEGRA et son épouse Maria acquièrent ce château dans le but de créer une hostellerie avec café, restaurant et salle de cérémonies.
L’apparition du téléphone
Dès son ouverture en 1931, cette hostellerie devient incontournable pour les résidants du quartier. Les hommes viennent s’y détendre autour d’un verre en fi n de journée, jouent aux cartes ou au billard. Lorsqu’il y a un mariage, le repas est servi dans la grande salle de réception donnant sur le parc. Cette salle parquetée est parée de moulures appelées « pâtisserie » (1) et de sa superbe glace au-dessus de la grande cheminée.
Le 28 mars 1932, Andrea NEGRA décède à l’âge de 64 ans et son épouse doit gérer seule cette entreprise hôtelière.
Un équipement moderne et rare à l’époque est également prisé : le téléphone. Il se trouvait dans l’entrée principale de l’hostellerie à gauche, dans un petit renfoncement aménagé en cabine. L’ambiance du quartier prend forme.
Angoisse sur le front
En 1939, André, le fi ls de la maison, est appelé à rejoindre le front. Sa mère se trouve seule pour tenir l’hostellerie, avec l’aide de ses fi lles. Elles accueillent dans leur café des parents chagrinés par le départ d’un des leurs, mais elles essaient de garder leur sourire, sans cacher leur inquiétude pour André qui, fort heureusement, reviendra sain et sauf. Madame NEGRA décède le 23 juin 1958 à Gagny, à l’âge de 81 ans. André se trouve maintenant seul pour gérer ce commerce, surtout réduit au café et à la location de chambres. Sa sœur Marie-Louise vient lui donner un coup de main le week-end. Mais André commence à sentir les effets de l’âge. La Commune fait une proposition pour l’acquisition du château. La vente est signée le 5 janvier 1987 chez le notaire. Une condition spéciale est accordée à André NEGRA : il est expressément convenu que ce dernier peut occuper les lieux sans indemnité jusqu’à la fi n de l’année. Il décède le 17 avril 1993 à Neuilly-sur-Marne à l’âge de 82 ans.
(1) Pâtisserie : nom donné aux reliefs ornementaux en stuc.
Micheline PASQUET, Société historique de Gagny
Sources : Archives départementales de Seine-Saint-Denis Photos et cartes postales personnelles